750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Raisin et sentiments
20 juillet 2015

Reuilly, Quincy, allons-y !

    Ça y est, c’est les vacances. Le club œno suspend son activité, et le rythme des dégustations à Paris s’est bien calmé ; je me sentirais presque désœuvrée ! Heureusement, les vacances, c’est aussi le voyage : de séjour chez ma sœur à Bourges, mon mari et moi en profitons pour faire une petite prospection dans le vignoble avoisinant.

carte

    Commençons par un petit topo de géographie : le vignoble de la Vallée de la Loire correspond à une immense région qui s’étire de la côte atlantique jusqu’aux puys d’Auvergne. Comme on peut s’y attendre, les appellations qu’on y trouve sont très variées, à commencer par les cépages plantés : à Nantes, on ne fait guère que du blanc à base de muscadet ou de « gros plant nantais » ; en Touraine, on produit du blanc de chenin et du rouge de cabernet franc ou de gamay ; enfin, le Centre, où nous sommes, est dominé par le sauvignon pour le blanc et le pinot noir pour le rouge. Une seule propriété fait l’unité de cette vaste surface viticole : son caractère septentrional, avec des blancs secs vifs et des rouges légers. À Bourges, nous avoisinons Sancerre (la plus connue des appellations du Centre), mais on trouve également des vins remarquables à Menetou-Salon (cf. le domaine Pellé, parmi les plus connus). Et puis, vers l’ouest, où nous partons ce matin-là, il y a Reuilly et Quincy, deux villages méconnus du grand public, mais qui recèlent des vins de très bon rapport qualité-prix.

    L’appellation Quincy ne produit que du blanc. Le cépage sauvignon, seul autorisé sur l’appellation, est caractérisé par ses arômes végétaux, de feuille de tomate, voire de bourgeon de cassis ou de buis (qui peuvent malheureusement évoquer le pipi de chat), mais aussi par ses notes d’agrumes ou parfois de fruits exotiques ; planté dans le Bordelais, il donne des vins très aromatiques (graves et pessac-léognan blanc, par exemple), mais en Loire, je lui trouve une expression plus sobre, accessible et rafraîchissante. Reuilly produit à la fois du sauvignon blanc, du pinot noir (de couleur framboise peu intense, il est fruité, frais et peu tannique) et également la curiosité locale, du pinot gris : un cépage connu surtout en Alsace, où l’on en tire des vins blancs fruités aux arômes de pêche, mais qui ailleurs en France n’est guère utilisé tout seul… sauf à Reuilly ! Contrairement au pinot gris alsacien, le reuilly gris subit une macération (repos des raisins en cuve avant la presse, afin que des molécules contenues dans la peau, comme les pigments, puissent infuser le jus), ce qui en fait un vin rosé pâle (pelure d’oignon ou œil de perdrix) ; il partage en revanche avec son illustre cousin un parfum prononcé de fruits jaunes.

 

    Après ce long préambule pédagogique, passons au vif du sujet. Pour cette courte expédition, je me suis essentiellement fiée à la petite sélection du Guide des bonnes affaires du vin de la RVF. C’est ainsi que nous commençons par nous arrêter à Reuilly, au domaine Valéry Renaudat, avec sa salle de dégustation façon office de tourisme (si vous y passez, ne manquez pas les langues de sorcière, un délicieux biscuit local !). Ici, on n’y va pas par quatre chemins, il y a seulement du reuilly blanc et gris et un quincy.

Renaudat_Lignis

Reuilly blanc, Domaine Valéry Renaudat, « Les Lignis », 2014 (8,30€) : un vin vif, caractérisé par son côté à la fois végétal et minéral, très frais, idéal pour l’été.

Reuilly blanc, Domaine Valéry Renaudat, « Les Lignis », 2013 (8,30€) : plus fruité que son cadet, avec des agrumes et de la pêche, des notes florales agréables, une assez bonne longueur en bouche.

Quincy, Domaine Valéry Renaudat, « Les Nouzats », 2014 (8,30€) : vif, avec des arômes de feuille de tomate et une belle acidité.

Nous partons avec deux bouteilles de chaque vin, non sans avoir goûté également le reuilly gris « Les Lignis » 2014, avec sa saveur gourmande de pêche.

 

    À Quincy, la cave-musée ne fait pas déguster ses bouteilles (il faut payer une entrée pour avoir le droit de goûter le vin du jour). Nous aurons nos vrais coups de cœur de la matinée à la Cave romane de Brinay, une coopérative incontournable pour l’œnotourisme local. Brinay étant le fief familial des trois domaines Tatin (les Ballandors et le Tremblay en quincy, les Demoiselles Tatin en reuilly), nous commençons par explorer leur gamme.

Quincy, Domaine des Ballandors, 2014 (environ 9€) : surprenant après les blancs de Renaudat, celui-ci a plus de matière, ce qui rallonge la bouche mais le rend d’un abord moins facile.

Quincy, Domaine du Tremblay, « Cuvée vin noble », 2014 (environ 9€) : floral avec des notes de noyau de pêche (un petit côté entre le fruit et l’amande).

Quincy, Domaine du Tremblay, « Vieilles vignes », 2013 (environ 11€) : encore du fruit jaune, un résultat assez friand.

Sucellus

Quincy, Domaine du Tremblay, « Sucellus », 2013 (14,50€) : un sauvignon surprenant, qui se place entre le bordeaux blanc et le chardonnay ! Belle minéralité, arômes gras et lactés, bouche très onctueuse, avec des notes de vanille voire une touche de banane. Bon exemple de ce qu’apporte le bois à un vin qui, contrairement à l’écrasante majorité de ceux de cette région (vinifiés en cuve inox pour favoriser l’expression variétale primaire du raisin), est élevé en fût de chêne. D’où le tarif haut de gamme, mais cela reste moins cher que la plupart des bons bourgognes, alors pourquoi se priver ?

Reuilly gris, Demoiselles Tatin, 2014 (environ 9€) : un rosé sans prétention, sympathique, avec des notes bien distinctes de bonbon anglais – c’est ainsi que le dégustateur appelle le goût des « arlequins », ou encore de la banane (qu’on ne trouve pas exclusivement dans le beaujolais nouveau !). Amusant et original pour un apéro en terrasse.

Reuilly rouge, Demoiselles Tatin, « La Commanderie », 2014 (environ 10€) : un petit vin de plaisir, entièrement « sur le fruit », comme on dit en jargon. Avec un soupçon de fraise et des tanins jeunes mais légers, il n’est pas sans rappeler certains gamays du Beaujolais.

Reuilly rouge, « La Cuvée du Pé’ Miniau », 2013 (environ 11€) : produite à petit rendement, cette cuvée est nettement plus chère que la précédente. Le mélange du vin de goutte (jus écoulé naturellement des baies de raisin qui éclatent sous leur propre poids dans la cuve) avec un peu de vin de presse (jus extrait du résidu solide demeurant après prélèvement du vin de goutte) concentre les parfums et les tanins. On obtient donc un pinot noir expressif et charpenté, mais dont les notes musquées sont assez rustiques.

En fin de compte, mieux vaut s’en tenir aux blancs (notamment « Sucellus ») et au rosé.

 

Après cette succincte découverte des pinots noirs, nous revenonss au sauvignon avec le Domaine du Coudray (Quincy), premier de la région à être passé en culture 100% bio, et ma foi, c’est une jolie réussite.

Quincy, Domaine du Coudray, Cuvée Domaine, 2013 (environ 12€) : pas mal du tout, avec tout ce qu’on attend d’un quincy – fruits blancs, agrumes, vivacité, fraîcheur, avec une pointe minérale.

Coudray_authenticite

Quincy, Domaine du Coudray, « Une pointe d’authenticité », 2013 (environ 14€) : un très bon blanc issu d’une parcelle de vieilles vignes trentenaires. Une minéralité digne d’un grand chardonnay de terroir calcaire, à laquelle s’allie une bonne longueur en bouche, portée par des notes végétales élégantes.

Des trois séries dégustées aujourd’hui, ma préférée est cette dernière, toute en sobriété.

 

    Bilan de ce long article : on a trouvé quelques bonnes bouteilles à partager avec nos amis, et je pense Quincy elles seront mieux appréciées, car plus on est de fous plus on Reuilly !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 14 125
Publicité