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Raisin et sentiments
24 février 2017

Paris Cocktail Week : stirred, not shaken

    Ça y est, pour la première année, j’ai enfin participé à la Paris Cocktail Week. Le principe : une semaine d’événements autour de la mixologie, et un pass à télécharger gratuitement pour déguster à prix légèrement réduit des créations spéciales un peu partout dans Paris. Ni plus ni moins, en somme, qu’un excellent prétexte pour faire la tournée des meilleurs bars à cocktails de la capitale. Bilan synthétique du nord au sud.

[N.B. : Les notes visent uniquement à résumer mon impression générale : leur caractère contingent et subjectif est totalement assumé.]

 

Pigalle

 

    Baton Rouge (62 rue Notre-Dame de Lorette, 75009)

Baton_rouge

L’endroit : ambiance Nouvelle Orléans garantie pour ce sympathique bar, rempli comme un œuf, qui porte le nom de la capitale de la Louisiane. Déco vaudou, éclairage aux lampions colorés, alléchants travers de porc à la carte, interminable collection de bourbons : tout y est ! Idéal pour un moment de détente entre amis.

L’en-verre : 8-13€, pour les amateurs de whiskey américain. Nana Nana (bourbon Woodford Reserve infusé au jalapeño et sel fumé, crème de pêche, jus d’ananas, jus de citron, menthe fraîche) : fruité, chaleureux, joliment présenté.

On y va pour : les cacahuètes qu’on mange en jetant la coque par terre.

Note : 4/5

 

    Les Justes (1 rue Frochot, 75009)

Justes_1

L’endroit : lumineux, accueillant, décor sobre. Pourquoi « Les Justes » ? Parce que sur certaines consos, 1€ est reversé à une association caritative. Carte bien pensée, mentionnant pour chaque cocktail le profil gustatif et le type de verre : bravo à Dimitri, le barman, pour cette jolie gamme de créations !

L’en-verre : 8-13€, pour tous les goûts (y compris sans alcool). Combawhaaat ?! (mezcal, ginger ale, liqueur de gingembre, sirop de kaffir, citron vert, combawa, bitters, fleur de sel) : fumé, équilibré, addictif et très réussi (et le combawa flambé est du plus bel effet !).

On y va pour : le calme et l’aperitivo du mercredi.

Note : 4,5/5

 

    Dirty Dick (10 rue Frochot, 75009)

Dirty_Dick

L’endroit : bienvenue chez Don the Beachcomber ! Le célèbre antre de pirates est sombre et animé, avec aquarium tropical et déco ethnique ; bref, du tikitsch pur et dur. Une armée de gros bras servent la clientèle fêtarde avec une crâne aisance, allumant leur doigt à la bougie pour faire flamber les alcools.

L’en-verre : 7-14€, beaucoup de rhum (what else ?). Hemperor’s Wisdom (rhum plantation OFTD, rhum infusé à l’ananas, gin, lait de chanvre et soja clarifié, combawa, kiwi, raisin, citron vert, gingembre, miel) : agréable mais beaucoup moins complexe que ça n’en a l’air, comme un punch acidulé.

On y va pour : boire des Zombies dans des mugs tiki.

Note : 3/5

 

Strasbourg Saint-Denis

 

    CopperBay (5 rue Bouchardon, 75010)

CopperBay

"Prends-en de la graine" dans son pot de moutarde, avec ses chips de légumes...

L’endroit : rue déserte et décor dépouillé, pour l’image de navire-voguant-sur-les-mers-du-sud, c’est un peu raté. L’avantage, c’est qu’on est au calme autour de ces tables hautes lumineuses et espacées. Menu manuscrit savamment brouillon sur papier kraft affiché derrière le comptoir.

L’en-verre : 10-13€, carte saisonnière « expérimentale ». Bob Lee Punch (Martini ambré riserva speciale, rhum blanc, verjus, thé du dragon, ananas au curry, sirop de vanille, creole bitters) : plus réussi que le jeu de mots, délicatement épicé, met bien en valeur le martini. Tester aussi le Prends-en de la graine (gin infusé au cumin, purée de potiron, verjus, cordial coriandre, graines de moutarde).

On y va pour : parler tranquillement.

Note : 3/5

 

    Le Syndicat (51 rue du Faubourg Saint-Denis, 75010)

L’endroit : entrée absolument introuvable, même la deuxième fois, mais cela n’empêche pas les amateurs d’alcools made in France d’affluer. Derrière la façade placardée comme un taudis en démolition se cache un improbable speakeasy tamisé avec des touches de doré bling-bling. Peuplé, bruyant, remuant.

L’en-verre : 13€ le cocktail, thème « défense et illustration des spiritueux français », carte à base d’épithètes inspirées. La Mauny qui dirige le monde (rhum vieux signature La Mauny, sirop de banane, café cold brew, jus de citron vert) : original, percutant et sans chichi ; excellent équilibre entre rondeur, acidité et amertume.

On y va pour : trinquer avec Arnaud Montebourg.

Note : 3,5/5

 

Marais

 

    Little Red Door (60 rue Charlot, 75003)

L’endroit : encore une entrée cachée… car la fameuse petite porte rouge, très voyante, n’en est pas une. Intérieur plutôt chic, très confortable, bonne playlist. L’établissement pousse le hype jusqu’à proposer un menu où chaque cocktail, représenté par un dessin d’artiste, peut être choisi à l’aveugle – ou en lorgnant sur les ingrédients, mais c’est de la triche.

L’en-verre : 11-15€. Julio Flórez (tequila Don Julio Blanco, vermouth infusé aux agrumes, sirop d’hibiscus, jerez) : vineux, corsé, d’excellente facture.

On y va pour : les fauteuils de bar so cosy !

Note : 4/5

 

    Pasdeloup (108 rue Amelot, 75011)

L’endroit : est-ce à cause de la soirée street food qui avait lieu à ce moment ? C’était en tout cas très décevant. Le cadre hésite entre restaurant, café et bar ; les cocktails, servis au fond de la salle, étaient préparés ailleurs. Menu des plus ordinaires ce jour-là avec hamburgers surtaxés taille enfant et Bloody Mary dans un gobelet en carton. Un piège à bobos.

L’en-verre : 13€, que des classiques le soir où nous y sommes allés – et le Canis Lupus (whiskey Four Roses small batch infusé tonka-vanille, sirop piment d’Espelette-gingembre, jus de citron, orange, eau bouillante), intéressant pour son côté grog mais bien trop long… Un sauna à paillettes dorées dans un mug !

On y va pour : une soirée avec la rédac du Fooding.

Note : 2/5

 

Bastille

 

    Café Moderne (19 rue Keller, 75011)

Cafe_moderne

L’endroit : à première vue, une salle typique de troquet parisien, conviviale, avec murs de brique et chaises en bois dépareillées ; mais les planches de comics au mur et la spécialité de meatballs du restaurant dénoncent l’influence américaine. Attention ! depuis la récente victoire de Jennifer Le Nechet, la bartender, au concours World Class, les cocktails sont courus…

L’en-verre : 12-16€, la rançon de la gloire et de l’originalité. Ballers Treat (whiskey Bulleit au beurre noisette, cordial noix de pécan, jerez, écume de chaï latte) : gourmand et épicé. Tester les autres mélanges, tous très bien pensés.

On y va pour : voir la jeune prodige de la mixologie. Mais pas pour le service, un peu froid.

Note : 3,5/5

 

    Le Calbar (82 rue de Charenton, 75012) [testé hors Cocktail Week]

Calbar

Cocktail Fortune

L’endroit : le summum du hype décalé – siroter un cocktail doré servi dans une ampoule par des jeunes gens en chemise, nœud pap et… caleçon coloré. Amusement garanti dans un cocon sombre et cosy. Plutôt discret de l’extérieur, surtout que les serveurs mettent un tablier pour sortir fumer…

L’en-verre : 10-14€. Mentions spéciales pour le Cocktail Fortune, so bling-bling avec ses paillettes d’or (intense, velouté, caféiné), la Balade dans la Forêt (base de gin, trame végétale fraîche) et le Limited Edition (avec le rhum de la Compagnie des Indes conçu exclusivement pour le Calbar).

On y va pour : zyeuter les barmen, pardi.

Note : 5/5

 

Bourse / Sentier

 

    Danico (6 rue Vivienne, 75002)

L’endroit : niché dans les profondeurs insoupçonnées de l’arrière-salle du restaurant Daroco. Atmosphère feutrée et pénombre intimiste, façon club sélect ou hôtel chic. Sur la carte des boissons l’humour décalé et les ingrédients extravagants détonent un peu… mais pas les tarifs, malheureusement.

L’en-verre : 14-15€, originalité garantie (roquefort, beurre de cacahuètes, shiitaké, brownie…). À côté, le Saint-Germain-des-Prés (gin Citadelle, liqueur Saint-Germain, jus de citron vert, jus de concombre, piment thaï, sucre) fait plutôt sage mais rafraîchit efficacement.

On y va pour : siroter un cocktail délicieusement audacieux avec le petit doigt en l’air.

Note : 3,5/5

 

    Experimental Cocktail Club (37 rue Saint-Sauveur, 75002) [testé hors Cocktail Week]

L’endroit : réputé, branché, bondé. Au cœur d’un réseau tentaculaire comprenant les restaurants voisins du Beef Club et du Fish Club ainsi que le Prescription Cocktail Club (cf. plus loin), ce bar ne désemplit pas de trentenaires assoiffés. Les tables basses de l’« Expé » sont une étape obligatoire pour tout mixomane.

L’en-verre : 10-13€, créations exclusives. Dans les classiques de la maison, essayer le Experience One (vodka, citron, basilic, citronnelle, fleur de sureau), fin et floral, et le Gringo Murder (mezcal, absinthe, agave, citron vert), doux et fumé.

On y va pour : l’avoir fait.

Note : 3,5/5

 

Quartier Latin

 

    Tiger (13 rue Princesse, 75006)

L’endroit : plantes en pot, boiseries, carrelage mosaïque, décoration exotico-design… Encore un repaire de choix pour le Parisien branché en quête de l’ultime expérience sensorielle, et qui n’aura plus qu’à choisir entre salle principale, étage et espace du fond. Pour les jeunes fauves en jeans tonique.

L’en-verre : 12-20€, c’est le temple incontesté du gin. Our Martinez on duck (gin, vermouth rouge, marasquin, bitters, servi avec un cromesquis de canard à l’orange) : classique, élégant, bon accord gourmand. Essayer aussi le Last Call, délicatement épicé.

On y va pour : se shooter au genièvre.

Note : 3/5

 

    Prescription Cocktail Club (23 rue Mazarine, 75006)

L’endroit : boudoir très germanopratin, obscurité, tentures, laque, velours, miroirs, jazz. Derrière le bar, c’est gilet, bretelles et tutoiement. Décontraction de dandy qui rappelle le grand frère de la rive droite, l’Experimental. Un bon moment à passer si le portefeuille peut suivre !

L’en-verre : 13-15€, créations bien léchées. Colchique dans les prés (gin Hendrick’s, combawa, cordial fleur de sureau aux boutons de rose) : très floral, évidemment ; frappe juste en toute simplicité.

On y va pour : un after-dinner après le Café de Flore.

Note : 4/5

 

 

J’espère que mes lecteurs apprécient le sacrifice que j’ai consenti en termes temporels, financiers et hépatiques. La liste est loin d’épuiser l’infini des possibles parisiens, et j’ai déjà hâte de découvrir le Castor Club, Mabel, Candelaria, Solera… Paris est une fête ; et moi, je suis très pro-fête à mes heures !

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