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Raisin et sentiments
9 avril 2015

Quelques perles peu ruineuses

    Depuis un moment que je déguste des vins plusieurs fois par semaine, j’ai envie de parler de quelques bouteilles qui m’ont plu au détour des séances d’œnologie, et qui ont le mérite commun de présenter (à mon sens) un très bon rapport qualité-prix. Car oui, il est possible de se faire vraiment plaisir sans débourser trente euros ; il suffit d’accepter de chercher un peu hors des sentiers battus des bordeaux grand cru et des appellations connues de Bourgogne. À force de goûter des vins du Languedoc-Roussillon par douzaines, je me suis rendu compte du potentiel de cette région qui, dans la pénombre de sa réputation de grand producteur de petits vins, s’est mise à faire des flacons de qualité, qui valent parfois un bon bordeaux tout en coûtant toujours trois fois moins cher. J’ai déjà parlé sur ce blog, d’ailleurs, du Challenge Prix Plaisir de Bettane et Desseauve – il faut guetter les bouteilles médaillées, ce sont des valeurs sûres ! Car nombreuses sont les appellations souvent méconnues qui cachent ainsi des perles abordables.

    Voici donc ma petite sélection, sur environ un semestre de dégustations, de vins qui ne coûtent rien pour ce qu’ils sont, et que l’on peut déboucher dès maintenant !

 

Blancs secs

Coup de cœur : Côtes du Rhône, Jean-Luc Colombo, La Redonne 2013 (environ 14€)

Redonne_small

    Goûté chez Colombo à l’automne dernier, mais mieux apprécié quelques jours plus tard lors d’une dégustation à Paris. Un mélange de deux cépages typiques de la région, avec 30 % de roussanne et surtout 70 % de viognier qui apporte à l’assemblage ses touches généreuses et croquantes d’abricot et de miel. Avec un nez très flatteur (fruits jaunes frais, une note de muscade) et une bouche très équilibrée entre rondeur et acidité, ce vin frais et gourmand sera le compagnon idéal pour un déjeuner estival, un début de repas en famille ou en amoureux, un poisson au four... Trouvé récemment chez Nicolas (en promotion à 11-12€).

 

Coup de cœur : Loire, Menetou-Salon blanc, domaine Pellé, 2013 (environ 10€)

MenetouSalon_small

 

    Les menetou-salon de Pellé me suivent partout. J’avais été séduite par les Vignes de Ratier au restaurant "La Prose", à Bourges, puis j’avais rencontré ce vin blanc (à peine moins fin) à une dégustation étudiante pour l’acheter enfin chez Monoprix pour 10,70€. Derrière une étiquette d’une austérité monastique se cache un vin élégant, tout en fraîcheur. Le sauvignon libère ses arômes d’agrumes, l’ensemble est droit et minéral, avec une bouche vive qui présente néanmoins une nuance d’onctuosité bienvenue. Ce vin sans prétention mais élaboré avec beaucoup de précision et de justesse accompagne à merveille les poissons et coquillages : à essayer sur des huîtres ou sur du fromage (comté fruité, brillat-savarin...). [Ajout un mois plus tard : je viens de comparer ce vin au menetou-salon Morogues du même domaine, ce dernier est plus acide et me plaît moins.]

 

Rouges

Coup de cœur : Languedoc-Roussillon, IGP Pays d’Oc, Domaine de la Clapière, Gatefer 2012 (environ 11€)

LaClapiere_small

 

    Rencontré pour la première fois dans une dégustation à l’aveugle où je l’avais pris pour un bordeaux de la rive droite – de fait, avec une combinaison de merlot et de cabernet sauvignon (plus un peu de syrah, mais en macération carbonique !) et un élevage soigné en fûts neufs, la confusion était presque excusable, même si les 14 % d’alcool auraient dû m’orienter plus vers le sud. La robe opaque, presque noire, annonce la grande maturité du fruit qui s’en revêt. Le nez est un festival d’arômes opulents et doux : beaucoup de vanille, du miel, du caramel, des fruits rouges et noirs confiturés, une pointe de rose et de tabac ou de cacao. En bouche, l’attaque est franche, avec beaucoup de corps. J’ai trouvé ce vin chez Nicolas à 9,90€ en promotion il y a quelques jours ; c’est un vin de toute beauté, et qui ne déparerait pas à une grande fête ni à un dîner romantique. Ses tanins fondus mais puissants lui permettent d’accompagner toute viande rouge, y compris en sauce ou en sucré-salé ; je l’essaierais bien sur un magret de canard...

 

Coup de cœur : Languedoc-Roussillon, AOC Côtes du Roussillon villages, Château les Pins 2010 (environ 13€)

 

Roussillon_small

 

 

    Découvert il y a quelques jours lors d’une dégustation à l’aveugle. Encore un vin du Languedoc-Roussillon avec une trame bordelaise ! Cette fois, il s’agit d’un assemblage plus attendu syrah-grenache-mourvèdre, mais les secrets d’élaboration sont les mêmes que pour le précédent : petit rendement, élevage de 12 mois en barrique. Là encore, la robe violette est très dense ; le nez présente d’emblée un boisé vanillé, un peu de résine, des fruits séchés (pruneau, cerise), confiturés, exotiques (un soupçon de banane) et surtout une généreuse note de noix de coco grillée, complétée par des touches mentholées (eucalyptus). On apprécie la structure et la longueur de la bouche, avec ses arômes onctueux de vanille sur des tanins semblables à ceux du vin précédent. Il faudrait maintenant que je procède à une comparaison des deux !

 

Moelleux

Coup de cœur : Loire, IGP Val de Loire, Ampelidae, Blanc d’Hiver 2014 (environ 7€)

 

blc_hiver

 

 

    Bon, il faut avouer une chose, c’est que j’ai été franchement déçue par Ampelidae le soir où nous avons dégusté les vins de ce domaine. La démarche de Frédéric Brochet, consistant à associer les technologies de pointe aux méthodes traditionnelles pour redonner vie à l’appellation complètement oubliée qu’est le Haut-Poitou et à ses vins de cépages, m’a semblé louable et intéressante, mais non dénuée d’une certaine prétention. Dans l’ensemble, les blancs présentaient de jolis arômes, ouverts et complexes, mais quelle acidité ! Même en les goûtant à nouveau sur du fromage, impossible de trouver la « rondeur » dont parlait avec délices leur propriétaire. Là où d’aucuns ont paru toucher au sublime, je n’ai donc pas trouvé mon plaisir. Sauf sur ce vin doux fort sympathique et à un prix défiant toute concurrence, qui fait d’ailleurs partie des meilleures ventes du domaine. Pour la petite histoire, le Blanc d’Hiver est la tarte Tatin d’Ampelidae, issu d’un imprévu dans la vinification : une cuve de sauvignon blanc ayant connu une chute brutale de température, les levures sont mortes et la fermentation s’est arrêtée, laissant dans le moût une forte proportion de sucres résiduels. Cette erreur initiale, érigée en processus de fabrication identique à celui du moscato d’Asti, donne un vin réellement original, avec des arômes floraux et végétaux donnés par le sauvignon en monocépage, et presque identiques à ceux de son homologue sec, le Marigny-Neuf dégusté ce même soir. Mais après ce premier nez de géranium, feuille de tomate et bergamote, on décèle des touches plus grasses, avec des fruits exotiques. La bouche évoque le sirop de fleur de sureau, la mangue ; très fruitée, elle est relevée par une finale plus fraîche. Ce petit vin très séduisant en surprendra plus d’un, servi à l’apéritif ou éventuellement sur un dessert aux pêches ou à l’ananas.

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