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Raisin et sentiments
10 mai 2015

Voyage en Champagne (3) : des murs en toc aux meubles antiques

Pommery

    Rien de tel qu’une visite de groupe à Disneyland Reims par un dimanche radieux. À notre arrivée vendredi, la maison Pommery fut la première chose que nous vîmes, autant grâce à sa situation idéale à l’entrée de la ville qu’à cause de la débauche visuelle qu’elle représente. Une grille monumentale ornée de barres de néon multicolores, une pelouse plantée de sapins teints en bleu foncé, une enfilade de bâtiments dans le plus pur style des châteaux en carton-pâte de tournages en studio, tel est le décor qui nous accueille ce matin. Poussant le tourniquet d’entrée comme des milliers de visiteurs avant nous, nous retrouvons notre guide dans un immense hall d’exposition, entre un foudre géant décoré d’allégories en bois sculpté par Émile Gallé (qui n’a pas signé là sa plus grande réussite), des œuvres d’art contemporain dont un éléphant taille nature planté tête en bas sur sa trompe, et la boutique qui regorge de tous les produits dérivés imaginables, de la bague décorative pour flûte à champagne au parapluie Pommery. La visite des caves, parfaitement balisée, reste intéressante, d’une part pour toutes les œuvres d’art qui y sont exposées – les artistes contemporains, auxquels leur mécène a imposé le thème du bleu Pommery, côtoient des bas-reliefs dionysiaques de la Belle Époque –, d’autre part pour les petites anecdotes sur Madame Pommery, la deuxième grande veuve de Champagne avec la veuve Clicquot, qui mena de sa main de fer une entreprise déjà largement internationale au début du XXe siècle. La dégustation forfaitaire du champagne brut, servi trop frais dans des flûtes (bien moins adaptées à l’analyse que les verres en tulipe qu’on nous donne partout ailleurs), ne me convainc guère : le vin n’a pas de défaut, mais pas de personnalité non plus, et il me semble très surtaxé vu les quantités produites. Décidément, nous n’aurons été que des touristes comme les autres.

 

Demoiselle

    La visite de l’après-midi a lieu à la Villa Demoiselle, bien plus jolie que Pommery mais située juste en face et faisant partie du même groupe. Après un joyeux pique-nique dans le parc voisin, nous suivons de nouveau des guides dans un décor pas comme les autres. La Villa Demoiselle a été construite dans le style Art Nouveau avec une perspective d’art total ; de l’architecture au mobilier, tout subit l’influence esthétique notamment de l’école de Nancy. L’histoire de ce magnifique pavillon fut mouvementée, avec des épisodes de ruine, de squat, de vandalisme. Tout est maintenant restauré, et presque rien à l’intérieur n’est d’origine, mais les propriétaires ont réussi à rendre l’esprit général en rachetant patiemment du mobilier d’époque à chaque occasion. Beau travail qui me rappelle la Villa Majorelle, vue récemment à Nancy, en plus luxueux ; le seul élément qui fait tache est un énorme lustre en cristal noir de Starck, le reste est tout en ornements végétaux, courbes sobres et ergonomie artistique. La visite n’en est pas moins impersonnelle, à l’image de celle que nous avons eue ce matin, de même que la flûte de champagne qui suit ; mais le cadre est bien plus agréable : véranda tranquille, petit jardin fleuri, beau soleil… J’ignore si notre jugement est faussé par ces facteurs, mais nous considérons unanimement le brut de Demoiselle plus élégant que celui de Pommery. C’est donc sur un très beau moment que s’achève notre voyage. Je demande même à emporter un magnum gratuit, mais apparemment, Demoiselle n’est pas donneur !

commode_Demoiselle

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