750 grammes
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Raisin et sentiments
7 mai 2015

Bullimie

Il existe des avantages indéniables à faire partie d’un club étudiant de dégustation de vins. D’abord, il y a le contact privilégié avec les producteurs ; et puis les salons, les jurys, les événements chez les cavistes, les concours, les dégustations à l’aveugle, bref, toutes ces occasions de picoler à peu de frais que mon directeur de thèse regarde (probablement à raison) comme autant d’obstacles à l’avancement de ma recherche. Et puis il y a les fêtes. L’autre soir, donc, nous nous retrouvâmes pour l’une de ces soirées plus que bien arrosées entre organisateurs du club. Le prétexte : célébrer quelques succès en concours. Le lieu : la cuisine commune d’un internat de l’école. Le concept : un banquet préparé par nos soins, comme toujours ; mais après avoir testé le dîner au bordeaux rouge et celui au sauternes et barsac (si, si), nous optons cette fois pour un accord mets-bulles. Et vu que le repas fut précédé d’une longue réunion où j’ai obtenu la charge de co-présidente du club pour l’an prochain, je parlerais bien de champagne électoral – heureusement, je suis bien trop raffinée pour des jeux de mots aussi mauvais…

bouteilles_champagne

 

Pour se donner du courage pendant qu’on fait la cuisine, on attaque l’apéritif avec un rosé mousseux : « Armance B » d’Ampelidae. Frédéric Brochet, l’excentrique propriétaire de ce domaine du Haut-Poitou, a décidé d’assembler du gamay avec un peu de chardonnay dans ce vin fruité qui porte le nom suranné de sa grand-mère. Amusant, comme toutes les productions de la maison, et sans l’acidité rebutante de certaines. Nous passons aux choses sérieuses avec un foie gras entier apporté par Adrien, ambassadeur du Sud-Ouest au club. La suavité moelleuse de cette première entrée contraste avec la vivacité du « Triple Zéro », la fierté de Jacky Blot, du domaine de la Taille aux Loups (Montlouis-sur-Loire). Le nom de ce vin signifie zéro chaptalisation, zéro liqueur d’expédition, mais également zéro liqueur de tirage – la prise de mousse se fait par embouteillage avant la fin de la fermentation, ce qui explique sans doute la bulle fine qui rend ce 100% chenin pétillant plus que véritablement effervescent. On poursuit avec le gravlax de saumon, crème aigre à l’aneth que j’ai apporté (c’est Arnaud Van Santen, maintenant chef au Buisson Ardent à Jussieu, qui m’a appris cette recette simple et efficace). Le Bollinger brut « Spécial cuvée » gagné au SPIT, avec son fruit acidulé et sa matière fine, contrebalance bien l’onctuosité du poisson à peine cuit par le sel et le sucre.

 

En plat principal, on attaque vaillamment des cuisses de poulet dorées à la poêle au beurre avec ail et herbes de Provence, avec une sauce crémée aux girolles et des légumes étuvés. Sur ce mets soigneusement préparé, nous débouchons les champagnes Pol-Roger, chers à notre cœur pour maintes raisons, dont la première est leur élégance gustative. En premier vient le millésimé 2004, grand habitué de la table du concours Pol-Roger où j’en ai déjà gagné deux bouteilles. Ses arômes lactés et minéraux, sa texture charnue sont décidément parfaits sur la volaille – quoique je regrette la sauce à la crème un peu lourde qui fonctionne moins bien qu’un simple jus réduit. Nous terminons le plat avec la star de la soirée, un Pol-Roger Winston Churchill remporté lui aussi au concours, plus fin que le 2004, mais qui étrangement me séduit moins ; peut-être aussi n’est-il pas à son avantage au milieu d’un riche repas.

 

Sur le plateau de fromages, on poursuit avec un Taittinger Comtes de Champagne 2004 assez léger, pour terminer avec le brut rosé de Bollinger (autre trophée du SPIT) qui accompagne à merveille les fruits rouges de nos trois desserts (panna cotta, tarte et gâteau au yaourt). Cette orgie – sept vins mousseux, autant de services, pour seulement neuf convives – se termine à peine que mes collègues du club me font une magnifique surprise : pour mon anniversaire, ils m’ont acheté deux bourgognes blancs, un aligoté de Bouzeron, et surtout… un magnum de meursault 2013 ! Voyant cette monumentale bouteille à Métro lors de courses collectives, mes amis ont tout de suite pensé à moi. Le monstre ira rejoindre ma cave pour y dormir au moins jusqu’à mes trente ans. Meursi tout le monde !

meursault

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