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Raisin et sentiments
6 juin 2015

Concours de la RVF : le doublé gagnant

    Après le triomphe chez Pol-Roger, apogée d’une semaine entière de beuveries ininterrompues, j’avais eu mon content de concours œnologiques, et pour parler franchement, j’aurais même pu me passer de vin pendant un jour ou deux. C’était compter sans un empêchement inopiné de l’un de mes collègues, censé représenter le club au concours de la Revue du Vin de France. Me voici donc, par ce beau samedi matin, au premier étage du Palais Brongniart, épaulant mon ami Tony et arborant un badge au nom de « Mickaël »…

fiche

    Le concours est une sorte d’animation annexe du Salon de la Revue du Vin de France. À l’écart des grandes salles où se presse la foule se tient une dégustation à l’aveugle plutôt confidentielle, qui voit s’affronter dix-huit équipes de deux personnes, moitié grandes écoles, moitié « amateurs » (comprendre : passionnés de vins avec vingt-cinq ans d’expérience et/ou membres de la rédac de la RVF, avec une femme pour dix-sept hommes). Rangés d’emblée avec les grandes écoles, nous retrouvons quelques têtes connues de l’ESSEC, des Mines, de l’EM Lyon, de Sciences Po Bordeaux… Il va falloir analyser quatre blancs et quatre rouges, tous français et pris parmi les quelques milliers de références du salon. On nous distribue les fiches à remplir, et je m’étrangle : pas de commentaire du vin, pas de case pour la région, il s’agit de donner directement appellation, cépage dominant, domaine, cuvée, millésime ! Chaque équipe va donc se livrer, en feuilletant frénétiquement le carnet du salon, à un jeu de devinettes probabilistes sans aucun intérêt pour des jeunes gens comme nous qui souhaitons surtout affiner notre palais et notre manière de décrire le vin. Du moins la correction en est-elle facilitée : Philippe de Cantenac, unique organisateur du concours, a tôt fait de revenir avec les résultats, si bien qu’avec les dix minutes de réflexion par vin, tout est plié en deux heures. Croyez-le ou non, même si je n’ai pas reconnu le Château du Moulin-à-Vent que j’ai découvert il y a quelques jours, même si je me suis trompée sur le riesling d’Agathe Bursin goûté hier au salon, même si – honte suprême ! – j’ai été incapable d’identifier le Pol-Roger 2004, mon champagne fétiche, et même si la moitié des équipes « amateurs » nous passent devant, Tony et moi sommes néanmoins les premiers des grandes écoles, ce qui nous vaut à chacun une bouteille de champagne brut, des guides de la RVF et un diplôme attestant que décidément, même en dégustation de vins, ces Chinois sont une menace.

Tony_et_moi

    Tout concours qui se respecte inclut un beau repas offert aux candidats : nous allons ensuite déjeuner au « Versance », à deux pas de la Bourse. Au programme, un ceviche de daurade à la mangue avec une gelée au combawa dont il aurait pu se passer, un suprême de volaille jaune au chorizo avec émulsion crémeuse et tomates cerises les plus chères du monde et un généreux pain perdu avec glace au yaourt et coulis de fruits rouges. Ce délicieux menu est malheureusement quelque peu terni par les deux autres aspects capitaux d’un déjeuner : la compagnie et les vins. Lorsque nos louables efforts pour sympathiser avec les piliers de la RVF échouent lamentablement, la tablée se répartit en deux camps séparés par une barrière que ni la conversation ni les bouteilles ne parviennent à franchir, et il apparaît clairement que le but d’un match grandes écoles / amateurs est de nous montrer que nous sommes des petits morveux. Mon voisin de table, Philippe de Cantenac, juge du concours, semble ravi de retrouver ses vieux amis et m’ignore superbement. À l’image de ces grands pontes du vin français condescendant à déjeuner avec des étudiants sans expérience, on voit côte à côte sur la table l’Alter Ego de Palmer avec un sancerre blanc, Château Trottevieille avec un beaujolais. Aucune logique ne semble présider au choix des vins : les bouteilles arrivent à la va-comme-je-te-pousse et sont déposées sans commentaire là où il y a de la place ; toutes sont différentes, il faut se battre pour les faire circuler, et dans cette accumulation hétéroclite, presque aucun vin ne s’accorde avec les mets servis – beau gâchis qui, du reste, ne semble gêner personne.

    En somme, à deux jours de la consécration du concours Pol-Roger, celui de la RVF marque un succès presque plus gratifiant pour moi, puisque j’ai réussi un vrai travail d’équipe avec un ami. Mais quant aux journalistes de la RVF, ils m’ont quelque peu NRV !

degustation

 

 

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