C’est vrai, j’ai abandonné la plume pendant de longs mois ; et j’ai été la première à en pâtir, cumulant la tentation d’écrire et la frustration de ne jamais avoir le temps. Aux rares personnes qui me demandaient des nouvelles de ce blog, j’en parlais comme d’un lointain souvenir. Et puis un ami est venu, et à mon grand embarras, s’est mis à faire l’éloge de ces quelques pages que j’avais si vite fait d’enterrer. Entre la gestion d’un domaine viticole réputé, ses voyages aux quatre coins du monde et des dizaines de lectures, cet ami avait réussi à jeter un œil à mon site. Cet ami, je m’étais juré de lui dédier l’article de réouverture du blog, si jamais je reprenais l’écriture. Cet ami, c’est bien sûr le seul, l’unique, l’inimitable Philippe Blanck.

Une autre fan l’a récemment qualifié de prince charmant. Son ami Claude Weinzorn m’a confié : « Il y a beaucoup de vignerons extraordinaires en Alsace, mais il n’y a qu’un Philippe Blanck. Et c’est déjà pas mal ! » Que pourrais-je ajouter de plus qui ne remplisse pas les pages d’un livre ? Pour moi, Philippe, c’est avant tout un sourire que l’on voit de très loin, à un mètre quatre-vingt-dix du sol, sous des yeux d’une indicible douceur. Si je devais le peindre, ce serait un colosse au visage tendre, tenant une bouteille ouverte d’un vieux millésime de pinot gris du grand cru Furstentum. Il redonne ses lettres de noblesse à cette vertu si longtemps dénigrée qu’on appelle gentillesse. Ajoutez à cela une insatiable curiosité intellectuelle qui le pousse à lire, méditer et apprendre sans relâche, avec un enthousiasme et une humilité rares. Chez lui, la soif de découvrir est inséparable d’une véritable obsession du partage : grand pédagogue, toujours proche des jeunes et des néophytes, jamais avare de son temps, de ses efforts ou de son bien, il a la délicieuse manie d’offrir. J’ai eu la chance de rencontrer récemment son père Marcel, trésor national et mémoire vivante de l’Alsace, au pied des montagnes enneigées de Kaysersberg ; après un mémorable déjeuner où il fut question de l’INAO, de jazz et de Tomi Ungerer, je suis repartie avec une bouteille de tokay pinot gris Altenbourg vendanges tardives 1989 qui a bien mieux vieilli que moi, et je me suis dit que Philippe Blanck avait de qui tenir. La moindre des choses est de rendre hommage à ces personnages hors du commun dont j’ai croisé la route. Mon amitié pour Philippe relève de ce qu’il appelle le « code à neuf chiffres » : j’ignore moi-même quelles sont les bonnes touches, mais lui, sans le savoir non plus, les a composées. À Philippe, donc, et à tous les vrais grands de ce monde !

Philippe Blanck, ou le code à neuf chiffres

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