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Raisin et sentiments
22 avril 2015

L’or blanc d’Albert Bichot

Crève-cœur : Bourgogne, Meursault, Domaine du Pavillon, Albert Bichot, 2013 (environ 45€).

Crève-cœur : Bourgogne, Nuits-Saint-Georges "Les Terrasses" Monopole, Château Gris, Albert Bichot, 2013 (environ 70€).

meursault

nuits-saint-georges

    Cette séance de dégustation ne s’inscrit clairement pas dans la catégorie « vins à petits prix », mais j’ai le sentiment que je lui dois néanmoins un article sur ce blog. D’abord parce que j’aime beaucoup les bourgognes, surtout les blancs gras, amples et minéraux comme la maison Albert Bichot sait les faire, et parce qu’ils m’ont manqué durant cette année remplie de bordeaux, de côtes-du-rhône et de champagnes (ai-je l’air de me plaindre ?). Ensuite parce que j’ai trouvé Michel Crestanello, l’adjoint d’Albéric Bichot, fort sympathique ; visiblement heureux de s’adresser à un public étudiant, et assez peu soucieux de marketing, il nous a beaucoup appris avec honnêteté et sans prétention. Exceptionnellement, sur ses conseils, nous suivons l’adage bourguignon : « Blanc sur rouge, rien ne bouge, rouge sur blanc, tout fout le camp ». Et c’est de fait une excellente idée, par cette chaude soirée, de commencer par trois pinots noirs pour finir sur les chardonnays, rafraîchissants et vraiment somptueux.

 

    En Bourgogne, nous explique Michel, le cépage n’est qu’un catalyseur de terroir ; ce n’est que bon sens, dans une région où l’on ne plante guère qu’un raisin rouge et un blanc, et où la distinction des parcelles en « climats » est une tradition séculaire. Le domaine Bichot possédant des vignes sur toute la longueur de la Bourgogne, de Chablis jusqu’à Mâcon, nous voyageons donc d’un vin à l’autre. En rouge, nous comparons notamment deux productions du Clos Frantin en 2012 : un nuits-saint-georges et un vosne-romanée, tous deux élevés quatorze à quinze mois en fût. Dans chacun d’eux, on est frappé de trouver déjà des notes tertiaires au nez : champignon et café doux pour le premier, bois, réglisse et cuir pour le second. Mais en bouche, la maturité n’est pas la même : le vosne-romanée est plus frais, avec des tanins plus jeunes, alors que le nuits-saint-georges, issu d’un terroir plus rustique, présente une texture plus ronde et veloutée. À cette occasion, nous discutons de la notion de buvabilité : si le vosne-romanée est plus fin et élégant, et promet beaucoup de plaisir dans quelques années, tout le monde s’accorde à trouver le nuits-saint-georges du Clos Frantin plus agréable à boire maintenant.

 

    Mais les vraies divas du domaine, ce sont les blancs. Cette fois, les deux grands rivaux dans mon cœur sont, en millésime 2013, le meursault du Domaine du Pavillon et le nuits-saint-georges « Les Terrasses » de Château Gris. Le nuits-saint-georges blanc est une rareté, presque une pièce de musée : seuls cinq exploitants en produisent, et il représente moins de 2% de la production. Celui d’Albert Bichot, déjà dégusté au Grand Tasting, m’avait décidée à inviter le domaine pour une séance de dégustation : c’est dire si j’en gardais un souvenir ébloui… Je retrouve avec délices ce soir-là ses arômes de beurre frais, auxquels s’ajoutent dans une étonnante complexité le foin, le miel, le zeste d’agrume confit et des touches torréfiées. Une minéralité légèrement saline soutient la bouche, fine et tendue, sur toute sa longueur interminable. Le meursault, lui, a un nez plus classique, mais aussi plus expressif : brioche, crème, noix de coco, craie, fruits jaunes, anis… La bouche est extrêmement gourmande, lactée avec des notes de fruits à coque et un fruit acidulé. Le lendemain matin, au réveil, j’arrive encore à trouver dans ma mémoire ce goût si riche. Entre ces deux grands vins, c’est encore le duel du dandy raffiné mais distant et du beau gosse sympa. Mais cette fois, je ne peux décider avec lequel j’aimerais rentrer ! Malheureusement, je vais devoir attendre une sérieuse augmentation de revenu pour pouvoir avoir ces joyaux dans ma cave… Ah ! la Bourgogne !

 

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